
Les Gobelins l’école de l’image expose six photographes, sortant de son école en 2019, réunis autour d’une commande photographique réalisée au cours de leur dernière année d’étude sur le thème de l’addiction. Ainsi qu’une photographe diplômée de l’école et lauréate du prix Mark Grosset dans la catégorie documentaire en 2018. L’exposition se tiendra au
8 rue de l’Arc Constantin à Arles du 1 au 12 juillet 2019.
Louise Bertrand - Jeanne Dubresson - Lise Grancher - Paul Mougeot - Jéremie Monnier - Sarkis Torossian - Margaux Senlis
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Louise Bertrand
Née en 1997, Louise Bertrand étudie la photographie en dernière année à Gobelins, École de l’image. Elle se plait à s’appeler photographiste car son travail décalé, poétique et provocateur s’imprègne de ses passions pour le graphisme, la peinture, l’illustration et la publicité. Elle aime jouer avec les codes fantasmagoriques des images modernes et accessibles à tous, établissant une relation entre graphisme et photographie, interrogeant l’utilisation des images photographiques, les incluant dans des visuels tantôt éditoriaux, tantôt publicitaires.
«Le «sucre en série» se laisse aller à la sauvagerie du moment en quelques images de scènes d’ingurgitation et de massacre gastronomique, rendant compte du plaisir, de l’excitation exacerbée au contact d’une sucrerie. Ces images font par la suite l’objet d’une campagne d’affiches de prévention. Si la série dans sa forme «brute» parle de plaisir et de dégoût, lui donner cette forme-là lui permet d’enrober à la fois problèmes de santé, dégoût, excès, et plaisir, car il s’agit bien de ça quand on parle d’addiction au sucre.»
Jeanne Dubresson
Jeanne Dubresson est une photographe en troisième et dernière année de formation à l’école de l’Image, Gobelins. Son travail est axé sur le dépassement des limites de l’usage d’un unique médium et les hybridations sont au coeur de sa démarche. Comment représenter autrement une autre réalité sans s’inscrire dans le flot d’images quotidien, comment déconstruire les formes d’expression traditionnelles : ce sont les questions auxquelles elle tente d’apporter des éléments de réponse en suivant un désir constant d’enfreindre l’espace délimité par le cadre photographique.
Le projet exposé consiste à représenter l’addiction dans ses conséquences corporelles et psychologiques sur la personne concernée. L’addiction provoque une tension, des tiraillements et des déchirements ; elle oblige sa victime à se focaliser sa domination, l’attire dans ses profondeurs. J’ai voulu mettre en forme ces réactions en créant des corps mouvants, tourmentés, souffrants qui se mêlent et s’extirpent d’une force qui les aimante. J’ai travaillé sur des silhouettes en contre-jour, sorte d’humanoïde qui se déplie dans l’espace, être saisi dans cette toile qui l’étouffe. J’ai joué des contrastes mais aussi des couleurs. Incandescentes, elles renforcent l’imaginaire de la souffrance mais donnent aussi un aspect fantasmagorique qui métaphoriserait le monstre latent qu’est l’addiction. Il consume à petit feu, il s’insinue dans le corps entier petit à petit ; il attend son heure pour déployer toute son emprise.
J’ai pris le parti de représenter la fragilité de ces corps mis en danger dans un transfert d’émulsion des polaroids. Une fois décollées de leur support, les gélatines des polaroids sont très délicates à manipuler compte tenu de leur finesse et leur sensibilité. De fait, on ne peut pas les soulever, même du bout des doigts, sans qu’elles se recroquevillent sur elles-mêmes et se fissurent. Pour les figer dans le temps il n’y a d’autre moyen que de les coller ou de les fixer sur un support. Le résultat déformé et la fragilité fait l’attrait de la technique. Il aurait été regrettable de présenter un résultat en relief tiré d’un procédé 2D sur un support plat comme c’est présenté généralement. Donc je me suis demandé comment garder cette représentation en volume.
J’ai immortalisé ces gélatines dans des blocs de résine transparente. Ainsi la photographie fragile 2D est devenue une sculpture 3D flottante.
Ce processus garde le relief de ces mouvements. La danse étant un art à quatre dimensions, mon oeuvre prendrait elle aussi une nouvelle dimension : sculpturale. C’est la dimension du monde réel, la dimension vivante à la manière de son sujet. « Comment représenter la photographie dans l’espace réel » est aussi au coeur de mon projet. Puisque l’addiction est un sujet sensoriel, il nécessite de lui accorder une valeur physique ou palpable. Ici, c’est une dimension tactile, c’est l’appropriation de l’espace par la photographie qui est communément visualisée sur une table, un ordinateur ou collée à un mur, c’est redonner une sensation de tension et d’étirement dans la réalité. Le support devient aussi important que le sujet. Il interprète lui-même le sujet.
Il y a par ailleurs une part aléatoire de la résine qui m’empêche d’avoir le contrôle total de mes résultats. En réalisant le même protocole plusieurs fois, on ne parvient pas à obtenir une seule fois le même résultat. La finalité m’échappe des mains comme l’addiction finalement qui est incontrôlable.
Finalement l’addiction est représentée telle qu’elle semble sortir de son hôte et s’animer sous nos yeux. Elle devient palpable, visible et une sensation interne prend la forme d’une sensation externe.
Lise Grancher
Née au Havre en 1998, Lise vit et étudie à Paris. Elle y achève cette année sa formation de Photographie à Gobelins où elle développe une pratique plastique de la photographie en y associant peinture et collages.
Son travail est le fruit du regard qu’elle porte sur son environnement et sur le monde qui l’entoure. À distance, elle observe puis intervient. Une fois sa matière première obtenue elle la transforme par le biais d’outils tels que la couleur, la matière et les formes.
«Healing est un travail introspectif illustrant l’altération de la perception de soi-même. Ce ressenti intervient lors d’épisodes dépressifs dont l’inconfort sécurisant, parfois addictif, s’apparente à une prison psychique.
Une palette de couleurs vives rappelant à Lise sa région d’origine s’oppose au noir et blanc terne de la dépression. Les interventions recouvrent, dissimulent et altèrent le sujet.»
Paul Mougeot
Né en décembre 1994 à Paris, Paul est actuellement en dernière année à l’école des Gobelins en photographie. Une part importante de son travail traite des différentes typologies urbaines. Fasciné par le paysage des villes en mutations ainsi que par les sociétés qui les peuplent. La photographie lui permet de découper, de pointer son appareil vers ces événements de notre réalité qui lui paraissent captivant d’observer. Il interroge également, à travers ses photos la question de la banalité quotidienne de nos vies, et comment certaines images peuvent parfois en cacher d’autres.
«Milieu des années 80, Nike mise sur un jeune athlète, Michael Jordan joueur de basket en lui fabriquant une paire signature, la Air Jordan. La marque joue la carte de la série et sort une paire à chaque saison. Le joueur prodige vante l’image de la firme à travers des publicités tournées à la dérision aux côtés de Spike Lee.
L’effervescence alors créée à cette époque n’a fait que grandir depuis et s’est transformée au sein de notre société actuelle. Internet, les réseaux sociaux, les évènements ont transcendé les relations et échanges humains. En résulte aujourd’hui une vaste communauté mondiale et intergénérationnelle, autour du culte de la basket.
À travers la culture du hip-hop (la danse, le basketball, le rap ou encore le streetwear) et du skate ont découlé un grand nombre d’acteurs et de marques. Elles s’appellent Supreme, Palace, Stussy, A Bathing World et d’autres encore ces marques collaborent avec les géants du sport Nike, Adidas, Fila ou encore Puma. Aujourd’hui les collaborations ont alimenté le concept des versions limitées
La demande évoluant de manière croissante par rapport à l’offre, n’a fait qu’amplifier le phénomène aux quatre coins de la planète, pour les adeptes, une véritable addiction.»
Jéremie Monnier
Né en 1993, Jérémie Monnier termine actuellement ses études en photographie à Gobelins, l’école de l’image. D’abord formé à une pratique cinématographique, il développe un travail oscillant entre documentaire et studio. Toujours à la recherche d’une maîtrise formelle, ses photographies s’attachent à saisir des faits sociaux, allant de l’étude de milieux donnés à l’exploration de courants de mode.
Dans cette optique ses images se posent comme les témoins des codes esthétiques de notre société.
«Ce projet sur le thème de l’addiction développe la problématique d’achat compulsif. À travers une série mode, il explore l’accumulation de vêtements, l’exagération des volumes et le détournement de pièces classiques pour mettre en lumière un rapport à la dépendance et à la consommation.»
Sarkis Torossian
Né en 1994 à Paris, Sarkis se dirige de manière spontanée vers la voie des arts plastiques à l’issue de ses études secondaires, plus précisément la voie de la photographie. Pour appréhender la photographie avec de solides bases en dessins, graphisme, etc, il commence par une école d’Arts Appliqués. Cela lui permet de rencontrer, Mustapha Azeroual, photographe plasticien. Il y découvre le monde du tirage et tout particulièrement les tirages dits anciens comme la gomme bichromatée ou le cyanotypes. L’aspect pictural et expérimental de ces techniques lui permette de travailler autour de l’imaginaire et d’essayer d’inventer de nouveaux espaces ou paysages.
ÉPHIPHANEIA : «Cela vient du grec et veut manifestation, apparition. C’est un moyen pour moi de parler du phénomène de dépersonnalisation. Ce moment où une personne a l’impression que son esprit sort de son corps et qu’il pouvait se voir lui-même.»
Margaux Senlis
Née en octobre 1995 en région parisienne, Margaux Senlis sort diplômée des Gobelins d’un Bachelor Photographie en 2018. Puis obtient le prix Mark Grosset catégorie documentaire pour son projet UXO sur les munitions non-explosées en Asie du Sud Est. Aujourd’hui elle vie à Arles et poursuit ses études à l’Ensp en Master. Sensible aux problèmes environnementaux, Margaux Senlis utilise la photographie pour traiter et mettre en lumière des sujets qui lui tiennent à coeur.
UXO signifie «Unexploded Ordnance», ou encore «Munition Non Explosée». Ce travail photographique cherche à témoigner du danger qui persiste après la guerre du Vietnam. Il reste encore trop de zones non déminées au Vietnam comme au Laos et Cambodge. Aujourd’hui, des mines antipersonnel explosent, blessent et tuent encore.